Observatoire de l'éolien 2022
Établi en association avec Capgemini Invent, l’édition 2022 de l’Observatoire permets d’évaluer les emplois et le marché de l’éolien en France. Avec un total de 25 500 emplois en France l’éolien est le premier employeur « énergies renouvelables » en France et s’impose comme levier de création d’emplois durables dans les territoires. Révélateur de la structuration de la filière éolienne dans notre pays, l’observatoire présente un panorama précis de la filière éolienne et de toutes ses composantes; et propose des réflexions approfondies concernant la formation, les retombées socio-économiques, le système électrique, l’éolien en mer ainsi que des cartes régionales de l’éolien en grand format.
Ce nouvel observatoire confirme la bonne dynamique de la filière éolienne. Les emplois directs et indirects sont en augmentation de 13 % par rapport à 2020, et de 39 % depuis 2018, soit 8 nouveaux emplois créés chaque jour en France en 2021. Ces emplois s’appuient sur 900 sociétés présentes sur toutes les activités de la filière éolienne et constituent de ce fait un tissu industriel diversifié. Ces sociétés sont de tailles variables, allant de la TPE au grand groupe industriel. Fortement ancrées dans les territoires, ces entreprises contribuent à la structuration de l’emploi en régions en se positionnant sur un marché d’avenir, dont le développement est orienté par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE).
Une croissance stable boosté par l’éolien en mer
Avec près de 9 000 éoliennes en France, la capacité éolienne raccordée en 2021 est en baisse par rapport à 2020 : seulement 1,2 GW ont été installés en 2021, contre 1,3 GW un an plus tôt ; 700 MW supplémentaires étaient prévus sur l’année mais n’ont pas abouti. Aujourd’hui, la France est le seul pays européen à accuser du retard sur ses objectifs annuels de développement d’énergies renouvelables, qui risque d’être sanctionné au niveau européen.
La contribution de l’éolien offshore à l’emploi continue de croître, étant passée de 1 800 emplois dédiés il y a 3 ans à 6 150 en 2021. Rien que sur l’année 2021, la hausse est de 33 %. Côté éolien terrestre, la hausse du nombre d’emplois n’a été que de 8 %, Baisse directement liée au 4,5 GW de projet éolien bloqués en instructions.
L’éolien une nécessité pour atteindre la neutralité carbone
Cette édition 2022 s’inscrit dans une année charnière sous fond de crise énergétique et géopolitique où l’ensemble des pays du monde accélère leurs moyens de production renouvelables. Toutes les études et travaux nationaux et internationaux (par exemple les rapports RTE, ADEME, AIE, ou le paquet climat de la Commission Fit for 55) démontrent que l’éolien est une filière indispensable pour décarboner les mix-énergétique. L’atteinte des objectifs définis par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), à savoir diviser par 6 nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à leur niveau de 1990, implique la disparition des énergies fossiles de notre consommation d’énergie (énergies fossiles qui représentent encore aujourd’hui environ 65 % de notre consommation d’énergie) et une augmentation sensible des énergies renouvelables dans notre mix énergétique.
A l’heure ou la France manque d’électricité et où la filière nucléaire est en difficulté et ne pourra pas se renouveler avant l’horizon 2035/40, l’atteinte des objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) reste aujourd’hui un minimum et les délais d’instructions doivent être raccourci.
L’éolien, une énergie qui rapporte à l’Etat et au territoires
L’éolien est une ressource budgétaire conséquentes pour les recettes de l’Etat, en y contribuant à hauteur de plus de 7,6 milliards d’euros en 2022; une contribution qui finance à hauteur de 75% le bouclier tarifaire sur l’électricité et à laquelle s’ajoutent 235 millions d’euros de recettes fiscales locales en 2021.
Au sein des territoires, l’éolien constitue un catalyseur pour la transition énergétique des régions. De nombreuses collectivités (Communes, EPCI* à fiscalité propre, Départements, Régions) se mobilisent pour le développement de cette technologie. Acteurs privés ancrés dans les territoires, syndicats d’énergie, entreprises locales de distribution et élus locaux s’engagent pour permettre l’implantation réussie des parcs éoliens afin d’en faire des signaux forts, modernes et emblématiques du dynamisme local.
En tant qu’activité économique, une installation éolienne génère différents revenus fiscaux, au titre notamment des taxes foncières, de la Cotisation Foncière des Entreprises, de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises et de l’Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseaux. Ces revenus fiscaux sont de l’ordre de 10 à 15 000 euros pour chaque MW raccordé et par an, qui sont redistribués entre les différentes collectivités en fonction principalement du régime fiscal de l’établissement public de coopération intercommunale auquel appartient la commune d’implantation.
Ainsi, le développement d’un parc éolien sur un territoire permet souvent l’émergence de projets locaux porteurs d’avenir : chaufferies au bois, réhabilitation des bâtiments publics et touristiques, réfection des routes, maintien de services publics, mise en place de circuits courts d’approvisionnement alimentaire, etc…
Une situation géopolitique qui démontre l’intérêt de développer une souveraineté énergétique à faible prix
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé l’Europe et le marché de l’énergie. L’Europe est en effet une grande importatrice d’énergie provenant de la Russie. En France notamment, les importations provenant de Russie représentaient 17% du gaz et 9,5% du pétrole. Face à une baisse abrupte des importations d’énergie, une demande européenne constante et des secteurs énergétiques (gaz & électricité) couplés, le prix de l’électricité a été multiplié par 5 sur un an. Ce déficit d’offre devrait s’installer dans la durée.
Plusieurs mesures de court terme ont déjà été prises : bouclier tarifaire, relance de centrales à charbon, diversification des importations de gaz,… Pour concilier dans la durée sortie des énergies fossiles et souveraineté énergétique tout en protégeant le pouvoir d’achat et l’industrie européenne, il est nécessaire de déployer massivement des sources d’énergie bas-carbone sur nos territoires. Aujourd’hui, 4,5GW de projets d’énergie éolienne terrestre sont bloqués en instruction. Le gouvernement a décidé d’agir le 16 septembre dernier via une circulaire indiquant aux préfets de département la nécessité d’accélérer les délais d’examen des projets d’énergies renouvelables – projets éoliens et solaires notamment -, pour minimiser les effets de tension sur le parc électrique français. Le potentiel de cette levée de freins est important, puisqu’il porte à court terme sur 1,5GW débloqué d’ici la fin de l’année et 2 GW en 2023.
D’un autre côté, le projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables trace une feuille de route pour l’ensemble des acteurs impliqués. Les mesures proposées dans le texte demeurent toutefois insuffisantes, puisqu’elles ne font gagner que 3 à 4 mois d’instruction sur une durée totale de développement de 7 ans en moyenne pour un parc éolien français – ce qui correspond à une réduction du temps de développement d’environ 2,3% – là ou l’objectif affiché est de diviser par deux le temps de développement des projets ENR pour ramener la France vers les standards européens en la matière.
Avec un coût de l’AO10 onshore de 67,5€/MWh, la filière éolienne dispose de nombreux atouts pour relever ce défi multiple vers une souveraineté énergétique bas-carbone à faible prix.
Les Français toujours favorables à l’éolien
Année après année, étude après étude, et ce malgré les instrumentalisations politiques et quelques tensions sur des projets particuliers, le constat est sans appel : l’éolien est une énergie plébiscitée par les Français, y compris par ceux habitant une commune qui abrite un parc éolien. En 2021 selon la dernière enquête d’Harris Interactive pour l’Ademe, les trois quart (73%) des Français gardent une image positive de l’éolien.