France Renouvelables constate, dans le prolongement des travaux de RTE, que les orientations de la Stratégie Française Énergie-Climat (SFEC) et des objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) doivent être assortis de mesures d’accompagnement indispensables notamment pour cranter la transformation du système électrique
La France doit se donner les moyens de rattraper son retard !
Malgré l’adoption de la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables du 10 mars 2023 et la mobilisation ministérielle volontariste des administrations territoriales de l’Etat, les résultats de la France en matière d’énergies renouvelables électriques restent en-deçà des objectifs fixés lors de la PPE adoptée en mars 2020 toujours en vigueur, mais également loin de l’objectif européen que la France s’est fixée. En effet, la part des énergies renouvelables (thermiques et électriques) dans la consommation finale d’énergie n’atteint que 22,7% en 2023 alors qu’elle doit correspondre à 30% de son mix énergétique en 2030.
Face à ce retard, France renouvelables a analysé le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) couvrant les deux périodes successives 2025- 2030 et 2031-2035 et constate avec satisfaction que l’exécutif confirme en 2024 les grandes orientations de la stratégie nationale bas carbone et renforce le lien entre la PPE et la SNBC. 5 points d’attention sont néanmoins à prendre compte selon nous : le traitement du repowering, la segmentation du solaire photovoltaïque, le calendrier sur l’éolien en mer et le besoin d’objectifs quantifiés en matière de stockage par batteries et d’électrification des usages aux horizons 2030 et 2035. L’inclusion de ces 2 derniers points (stockage par batteries et électrification des usages) dans la programmation pluriannuelle énergétique (PPE) permettra de cranter la transformation du système électrique français. France Renouvelables rappelle que les énergies renouvelables électriques et l’électrification des usages répondent aux enjeux du climat, du pouvoir d’achat des Français, de la compétitivité des entreprises et de la souveraineté nationale.
Les propositions chiffrées de France renouvelables pour rendre à la France la maîtrise de son destin énergétique
Les objectifs des énergies renouvelables proposés dans les documents de planification énergie climat soumis à la concertation conformes aux attentes de la filière sous reserve d’attention
France renouvelables approuve la reprise des trajectoires établies par les 7 groupes de travail créés en juin 2023 pour mettre à jour la stratégie énergétique et climatique de notre pays. Ces groupes pilotés par des parlementaires et élus locaux ont associé, l’ensemble des partenaires économiques et notamment des secteurs énergétiques. L’Etat n’a d’ailleurs pas ménagé ses efforts de concertation depuis 2021. En revanche, en termes de calendrier, il nous semble essentiel de conclure l’exercice et de publier officiellement les textes d’ici la fin du 1er trimestre 2025. Il faut donner aux filières un horizon stable et clair, et aux investisseurs un signal pour faire le choix de la France.
Traiter le repowering en dehors des volumes proposés
Les objectifs de nouveaux projets d’éolien terrestre (33 à 35 GW en 2030 et 40 à 45 GW en 2035) correspondent à une fourchette de 1,5 à 1,9 GW par an. C’est le rythme actuel à conserver tout en veillant à une répartition équilibrée entre les territoires. L’arrivée d’un nombre important de parcs en fin de vie sur la période 2025 – 2035 (entre 8 et 13 GW), demande de compléter cette fourchette par des volumes de repowering. L’intégration de volumes additionnels pour le repowering doit permettre d’atteindre un rythme annuel de raccordement de l’ordre de 2,5 GW par an.GW par an. Aussi, pour réussir le repowering en France et diminuer le nombre de mâts en les répartissant mieux sur le territoire national, il est essentiel de faciliter le renouvellement des parcs en faisant évoluer l’appréciation au cas par cas prévu par l’instruction du 11 juillet 2018 et en réhaussant le seuil à 35,2% minimum.
Les objectifs pour l’éolien en mer à sécuriser le plus rapidement possible
Les objectifs pour l’éolien en mer proposés reprennent ceux du pacte éolien en mer conclu en mars 2021 entre l’Etat et la filière avec 18 GW en service en 2035. La planification par façade arrêtée par la Ministre le 18 octobre 2024 doit désormais être complétée par le lancement d’un macro-appel d’offres de 10 GW début 2025. Les résultats de l’ensemble des appels d’offre en cours ou en préparation (de l’AO 7 à l’AO 10) devront, sans exception, être connus au plus tard à l’été 2026 afin de permettre une montée en charge progressive de la chaine de valeur et une vague de mise en service étalée sur la période 2031 – 2035.
Revoir la segmentation des objectifs du solaire photovoltaïque pour valoriser les segments les plus compétitifs
Les objectifs pour le solaire photovoltaïque visent de 4 à 7 GW par an, ce qui est de nature à sécuriser un marché pour des investissements industriels sur le territoire national. Pour France Renouvelables, l’enjeu est de tendre vers une répartition entre centrales au sol (55 %), toitures (35 %) et auto-consommation résidentielle (10 %), afin de valoriser le segment de marché le plus compétitif pour les entreprises, les ménages et pour le budget de l’Etat.du système électrique, très compétitif de l’ordre de 80 à 90 €/MWh.
Des mesures d’accompagnement indissociables à inclure afin de cranter la transformation du système électrique
La flexibilité de l’offre et le stockage, un axe majeur manquant et à ajouter dans la future PPE
La PPE doit prévoir des objectifs de développement sur le stockage par batteries afin de commencer à tester les modèles économiques pertinents qui in fine permettront le développement à grande échelle. En effet, seul un objectif chiffré et un cadre règlementaire et tarifaire sera de nature à donner la visibilité nécessaire aux acteurs de marché (développeurs, producteurs, investisseurs, agrégateurs…). Ainsi, France renouvelables recommande d’inscrire un objectif de stockage par batteries de 6 GW à l’horizon 2030 et de 10,5 GW à l’horizon 2035 pour assurer l’équilibre offre-demande, en plus des 2 GW de services systèmes existant et des objectifs déjà fixés dans la PPE en vigueur concernant les autres leviers de flexibilités (STEP, effacements, interconnexions). D’un point de vue industriel, des synergies industrielles pourront être exploitées avec les giga-factories de batteries en construction pour la mobilité électrique afin de leur proposer une diversification de leurs débouchés.
La nécessité d’adosser à la PPE un plan d’électrification des usages clairement piloté
France Renouvelables recommande d’inscrire directement dans la PPE, un objectif de part de l’électricité dans le mix énergétique de 35% à l’horizon 2035. Pour accompagner la mise en oeuvre de cet objectif, France Renouvelables recommande de mettre en place une instance de pilotage de la trajectoire d’électrification des usages dans les différents secteurs d’activité (bâtiments, mobilité, industrie), sinon le passage de 27% à 50 – 60% d’électricité dans le mix énergétique d’ici 2050 ne se fera pas. Le pilotage de ce plan devra se faire au niveau interministériel et devra garantir une transformation effective des usages et une mise en cohérence des différentes actions de l’Etat (notamment budgétaires et fiscales) au regard de l’objectif d’électrification. Ainsi ce plan d’électrification devra intégrer un plan pluriannuel de la réforme de la fiscalité énergétique en accompagnement de l’électrification des usages. (Cf. Rapport de la Cour des comptes de septembre 2024).
La nécessité d’intégrer l’optimisation économique dans la réparation des objectifs pour l’appel d’offres
Dans un moment où l’argent public est plus rare, il faut l’investir sur les meilleurs segments de marché en 3 STRATÉGIE FRANÇAISE ÉNERGIE CLIMAT donnant la priorité aux technologies / segments de marché les plus compétitifs et les plus pilotables (cf. ci-dessus sur les objectifs éolien et solaire photovoltaïque). Aussi, cela doit passer par l’optimisation du fonctionnement des appels d’offre pour les filières éoliennes sur terre et solaire photovoltaïque au sol. A ce titre, France Renouvelables préconise :
– La mise en place d’un rythme de 3 appels d’offres par an
– L’inscription dans les cahiers des charges des AO de la date d’annonce des lauréats avec un délai de l’ordre de 4 à 5 semaines à compter de la clôture des candidatures
– L’optimisation du fonctionnement des mécanismes d’indexation pour absorber les chocs de matières premières et de taux sans mettre en péril les investissements
– Le maintien de volumes appelés dans les AO d’environ 900 MW par AO, le cas échéant de faire évoluer les volumes appelés à la hausse si on constate des retards sur les trajectoires
– Le renforcement des moyens humains pour instruire les projets d’énergies renouvelables dans les services décentralisés