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Dire que les énergies fossiles sont un problème, c’est bien. Mettre tout en œuvre pour atteindre la neutralité carbone, c’est mieux !  

Industrie, économie et emploiNeutralité carbonePolitiques publiques
14 mai 2024

Malgré les discours officiels et notamment l’engagements pris par le Président de la République de passer de 60% à 40% d’énergies fossiles dans le mix énergétique d’ici 2030, la réalité semble bien différente. Les énergies fossiles continuent d’être fortement encouragées à différents niveaux et pèsent énormément sur le budget de la France. Elles sont également directement responsables dans le monde du décès de l’équivalent de la population française tous les 12 ans et rendent la France extrêmement dépendant de puissances étrangères.

Les milliards dépensés dans les énergies fossiles sont des milliards en moins pour la transition énergétique

Les chiffres révélés par le Fonds Monétaire International (FMI) en 2023 mettent en lumière ce fort décalage entre la rhétorique écologique et les actions concrètes du pays. En 2022, la France a ainsi subventionné de manière explicite les énergies fossiles à hauteur de 17,9 milliards d’euros et de manière implicite à hauteur de 46,1 milliards d’euros.

Dans le même temps, la dépendance persistante de la France aux énergies fossiles s’est traduite par une augmentation vertigineuse de sa facture énergétique. En 2022, la facture énergétique du pays a quasi triplé pour atteindre 116,3 milliards d’euros, un niveau record depuis les années 70. La facture gazière a explosé passant de 5,2 milliards d’euros en 2020 à 13,3 milliards en 2021 pour tripler en 2022, atteignant 46,7 milliards d’euros. Cette tendance se retrouve également dans la facture pétrolière et en biocarburants, en hausse de 79 %, représentant désormais la moitié de la facture énergétique totale.

Ce soutien massif aux énergies fossiles contraste avec la taxation élevée imposée à la consommation d’électricité issue des énergies renouvelables en France, selon l’observatoire de l’industrie électrique. À hauteur de 1 312 € par tonne de CO2 émise depuis le 1er février 2024, cette taxation est quatre fois supérieure à celle de l’essence, onze fois supérieure à celle du fioul domestique et neuf fois supérieure à celle du gaz naturel, malgré l’augmentation de l’accise sur ce dernier. Ces différences flagrantes en matière de taxation envoient un signal troublant quant aux objectifs de décarbonation des consommations énergétiques du pays.

Malgré les récents efforts déployés notamment sur l’éolien en mer et l’annonce de la relance du nucléaire, accorder des subventions massives aux énergies fossiles et une taxation disproportionnée des énergies renouvelables compromet sérieusement les efforts de la France.

Ne pas soutenir les EnR électriques est aujourd’hui la meilleure chance de ne jamais sortir des énergies fossiles

Si les EnR électriques progressent en France, le rythme n’est aujourd’hui toujours pas satisfaisant pour produire les effets attendus. Le nucléaire, totem brandi par certains partis politiques et notamment par l’extrême droite, ne pourra pas tout arranger. Dans les 15 prochaines années, seules les énergies renouvelables électriques pourront se déployer massivement pour électrifier les usages les plus polluants, le premier EPR2 étant attendu à l’horizon 2037/2040. Les propos rassurants et les promesses de transition énergétique s’effacent donc devant la réalité d’un système énergétique maintenu en grande partie par des énergies polluantes qui mettent en péril l’avenir environnemental et l’indépendance énergétique du pays. Ainsi, il est désormais impératif que la France aligne réellement ses actions sur ses discours en réduisant les subventions aux énergies fossiles, en promouvant toutes les énergies renouvelables électriques et en adoptant des politiques fiscales honnêtes pour favoriser une véritable transition énergétique.

Au final, seul un engagement sincère et cohérent pour une économie bas carbone permettrait à la France de rebâtir une véritable ambition industrielle, une souveraineté énergétique perdue et de maintenir un accès à l’énergie à un cout maitrisé pour l’ensemble des Français. Et cet avenir ne pourra se faire sans les énergies renouvelables électriques notamment l’éolien terrestre et les grands parcs photovoltaïques au sol comme l’ont déjà montré l’ensemble des études menées par RTE.