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Coup d’accélérateur mondial dans le développement des énergies renouvelables : la France reste à la traîne

Éolien en merÉolien terrestre
3 février 2023

En décembre 2022, l’agence internationale de l’énergie (AIE) a publié ses prévisions mondiales pour le développement des énergies renouvelables. Ce rapport 2022 acte une accélération inédite et la place prépondérante des renouvelables dans le mix électrique mondial dès 2025 et définit les obstacles à lever afin de viser la neutralité carbone en 2050. Alors que la France était en plein débat sur le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, ce rapport n’a pas fait grand bruit. Il souligne pourtant le potentiel européen encore sous-exploité notamment en France qui reste toujours en retard sur ses objectifs depuis plusieurs années.  

Les énergies renouvelables, bientôt première source d’électricité dans le monde

Selon les prévisions de l’AIE, les renouvelables deviendront d’ici 2025 la première source de production d’électricité dans le monde, devant le charbon ! Elles produiront alors environ 38% du mix électrique mondial. La puissance des installations renouvelables installées sur la planète va plus que doubler d’ici 2027 pour atteindre 2 400 GW, l’équivalent de la capacité de production électrique de la Chine aujourd’hui.

Graphique AIE 1

Par rapport aux cinq dernières années, le déploiement des renouvelables dans le monde va accélérer de 85 % : l’agence prévoit en effet que près de 1 500 GW d’énergies renouvelables seront installés entre 2022 et 2026, contre 810 entre 2016 et 2022. Ces estimations ont été réévaluées nettement à la hausse : dans son rapport 2020 sur le développement des renouvelables, l’AIE estimait cette croissance à seulement 1 076 GW (soit 424 GW de moins).

Graphique AIE 2

L’éolien et le solaire, principaux accélérateurs de la transition

Cette dynamique de croissance sera portée à 90% par l’éolien et le solaire dont les capacités de production installées devraient doubler d’ici 5 ans selon l’agence. L’AIE souligne d’ailleurs que le déploiement à grande échelle de solaire et d’éolien terrestre sont désormais les options les moins chères « dans une majorité significative des pays ».

L’Agence Internationale de l’Énergie considère que le monde fait face à ­« la première vraie crise énergétique globale ». Elle oblige les États à de nouvelles considérations politiques et les incitent à « pousser l’accélérateur dans le développement des énergies renouvelables ».

  • L’attractivité des renouvelables est renforcé par la hausse des prix de l’électricité et des énergies fossiles
  • L’invasion de l’Ukraine incite les pays importateurs de pétrole, notamment en Europe, à renforcer leur sécurité énergétique, principalement en s’appuyant sur les renouvelables.

La Chine devrait à elle seule concentrer presque la moitié de la nouvelle puissance installée ces cinq prochaines années.Cette croissance est également portée par les États-Unis, l’Inde mais aussi l’Europe qui n’est pas en reste avec sa stratégie #REPowerEU et les plans initiés par certains pays européens : l’AIE a ainsi réévalué fortement à la hausse les projections d’installation en Allemagne (+50% par rapport aux projections faites en 2021) et en Espagne (+60%).

Une croissance encore insuffisante pour atteindre la neutralité carbone

L’agence souligne également que ce taux de croissance des renouvelables ne sera pas suffisante pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Afin que les renouvelables représentent 61% de l’électricité produite en 2030 – première étape pour atteindre cette neutralité carbone en 2050 – il faudrait encore doubler la capacité installée chaque année.

Graphique AIE 3

Si dans les économies émergentes, l’AIE pointent les « politiques et régulations incertaines » comme principales barrières à un déploiement plus rapide des renouvelables, dans les économies développées, ces obstacles sont le raccordement au réseau et l’octroi des permis. L’Europe dispose du plus gros potentiel inexploité : en levant ces obstacles, elle pourrait augmenter de plus du tiers la puissance installée durant les cinq prochaines années.

*Les graphiques partagés sont issus de l’analyse de CarbonBrief