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Les acteurs de l'éolien proposent de nouvelles solutions pour le recyclage des pales

Industrie, économie et emploi
25 novembre 2021

Lors de la fin d’activité d’un parc, le site est remis en état et les composants de l’éolienne sont recyclés, réutilisés ou valorisés. Aujourd’hui, environ 90 % de la masse totale d’une éolienne est recyclable et à partir du 1er janvier 2024, tout parc en fin d’exploitation devra recycler 95 % de la masse totale, toute ou partie des fondations incluses, devra être réutilisable ou recyclable.

Le traitement et le recyclage des éoliennes sont encadrés par la loi

Après environ 20 à 30 ans d’exploitation, le parc arrive à la fin de son activité. Le site est alors remis en état en prenant en compte l’avis du propriétaire du site d’implantation et du maire de la commune. Les composants de l’éolienne sont recyclés, réutilisés ou valorisés. Ce processus est à la charge de l’exploitant, qui provisionne d’ailleurs la somme correspondant au démantèlement en amont de la mise en service du parc. Aujourd’hui, environ 90 % de la masse totale d’une éolienne est recyclable.

Dans un arrêté du 30 juin 2020, le gouvernement renforce les obligations de l’exploitant concernant la fin de vie des installations. Ce dernier doit ainsi démanteler tout le site, installations de production d’électricité, postes de livraison et câbles compris. Les fondations de l’éolienne doivent être excavées intégralement. Les aires de grutage et les chemins d’accès doivent être remis en état. Concernant les déchets, ils doivent être « réutilisés, recyclés ou valorisés ». Il n’est en aucun cas possible de mettre les éoliennes en décharge et encore moins de les abandonner dans la nature !

Une fois démontées, celles-ci peuvent suivre trois trajectoires :

1) Le réemploi
Cette action consiste à réutiliser directement une partie de l’éolienne pour faire du mobilier urbain, des murs d’insonorisation ou encore dans l’aménagement. Les exemples de réemploi sont nombreux : fabrication de bancs municipaux, de toboggans dans les parcs ou encore d’abris vélos, les usages ne manquent pas !

2) Le recyclage
Lorsqu’elles ne sont pas directement réemployées, les éoliennes sont en majeur partie recyclées. En effet, elles sont composées à 90 % d’acier et de béton, deux matériaux qui ont des filières de recyclage très performantes. Les parties métalliques comme le mat ou le rotor et les métaux comme le cuivre, la fonte ou l’aluminium sont également extraits pour être intégralement recyclés. L’extraction de ces composants permet de recréer des matières premières. Par exemple, dans le secteur de la plasturgie, on peut recycler des parties de l’éolienne pour créer des injections ou des filaments d’impression 3D.

3) La valorisation
Malgré les efforts de la filière, certains matériaux sont encore difficilement recyclables. C’est le cas des matériaux composites qui constituent les pales, soit 2 % à 3 % de la masse totale de l’éolienne. Elles sont souvent broyées et valorisées comme combustibles dans les cimenteries en remplacement des carburants fossiles utilisés traditionnellement. Les cendres servent ensuite de matière première dans la fabrication du ciment, ce qui évite la production de déchets. Le broyat des pales peut aussi être utilisé pour fabriquer de nouveaux matériaux composites, comme des glissières de sécurité le long des axes routiers, des meubles, des panneaux pour le bâtiment ou encore des plaques d’égouts. La filière de l’éolien travaille avec d’autres acteurs à l’insertion de ces matériaux dans des éléments de construction.

Terres rares : contrairement à une idée répandue, 90 % des éoliennes en France ne contiennent aucune terre rare. La filière développe sa recherche pour trouver des composants alternatifs dans les machines qui nécessitent des aimants permanents. Pour les 10 % de machines concernées, elle a également mis en place des processus pour permettre la récupération et la réutilisation des terres rares lors du démantèlement. Elles sont par exemples réutilisées dans le secteur de l’industrie automobile.

Les acteurs de l’éolien veulent aller plus loin dans la recyclabilité des pales

Cela répond à un certain défi technique puisqu’elles sont composées de matériaux à la fois légers et robustes. Des groupes de travail ont été formés pour réfléchir à l’écoconception de ces dernières.
Des travaux sont en cours pour utiliser de nouveaux matériaux tout aussi solides, mais qui se recyclent mieux et utilisent moins d’énergie pour leur production. Les fibres carbones ont par exemple une meilleure emprunte environnementale et présentent des caractéristiques techniques très proches de celles en verre.

La filière se penche également sur des travaux consistent à mettre au point des techniques pour séparer les différents composants (epoxy et fibres de verre ou de carbone) qui constituent les pales des éoliennes. Cette solution consiste à extraire les molécules d’époxy usagées pour les transformer en résines vierges qui viendront intégrer des pales neuves. Les fibres de verre ou de carbone restant pourront être recyclées dans les filières déjà existantes. En 2021, l’initiative CETEC a réussi un cycle complet de recyclage de pales via ce processus. 

Une autre méthode innovante consiste à remplacer le type de résine utilisée, aujourd’hui thermodurcissable, par une résine thermoplastique. Les résines thermodurcissables deviennent solides irréversiblement après chauffage, et ne peuvent être mises en forme qu’une seule fois : le produit fini ne pourra plus jamais être fondu. A contrario, les résines thermoplastiques présentent l’avantage d’être modulables lorsqu’elles sont chauffées à une température suffisante. Elles peuvent donc être réutilisées sous d’autres formes. C’est sur cette innovation que se penche aujourd’hui un consortium d’entreprises pilotées par l’IRT Jules Vernes, qui travaille sur l’écoconception de ces pales. Le projet ZEBRA, lancé pour une période de 42 mois, bénéficie d’un budget de 18,5 millions d’euros. Leur but : « réduire les coûts, les temps de production et l’impact environnemental, [pour] développer une pale 100% recyclable et ouvrir la voie à un monde plus durable pour les générations futures »

Enfin, Siemens-Gamesa a annoncé en 2021 la commercialisation des 1ères pales 100% recyclables dès 2022 pour les éoliennes offshore.  L’objectif de la filière est sans ambiguïté : atteindre les 100 % de recyclage de l’éolienne le plus rapidement.

À partir du 1er janvier 2024, tout parc en fin d’exploitation devra recycler 95 % de la masse totale, toute ou partie des fondations incluses, devra être réutilisable ou recyclable.