Non, l’éolien et le solaire n’ont pas fait doubler la facture d’électricité en France : ces énergies ont au contraire contenu les hausses !

Depuis plusieurs mois, l’idée circule que l’éolien et le solaire seraient responsables de la hausse des factures d’électricité. La facture aurait même doublé ces 10 dernières années et doublerait ou triplerait à l’avenir. Cette affirmation est fausse et contredite par les données officielles et publiques des autorités compétentes : la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) et RTE (Réseau de Transport d’Électricité). C’est même le contraire : les EnR électriques ont permis d’éviter l’envolée encore plus sévère des factures et jouent les amortisseurs de crise. Ceux qui arrangent les chiffres pour vendre des livres, générer des revenus sur YouTube ou manipuler l’opinion pour faire peur le savent très bien.
Ce qu’il faut retenir :
– La hausse de la facture d’électricité des Français en 10 ans a augmenté d’en moyenne 45% (20% sur le TRVE en € courants). Elle est imputable au prix du gaz, à l’inflation et pour une partie à l’entretien du réseau qui sécurise notre système électrique.
– L’éolien et le solaire font baisser les prix sur les marchés de l’électricité et protègent le consommateur des fluctuations du prix des énergies fossiles.
– L’éolien a rapporté 5,8 milliards d’euros à l’État entre 2022 et 2024 et a permis de réduire l’augmentation des factures via le bouclier tarifaire.
– L’éolien a remboursé la quasi-totalité des soutiens publics perçus ces 10 dernières années.
– La part de l’éolien dans la CSPE diminue fortement et le soutien à l’éolien et au solaire PV ne représente que 5% de la facture d’électricité des Français en 2025.
Le doublement de la facture, c’est la faute aux taxes qui soutiennent l’éolien et le solaire …
Le soutien aux énergies éoliennes et solaires est principalement assuré via l’accise de l’électricité (CSPE), une taxe que les consommateurs payent sur leur facture. Cette dernière ne finance pas que l’éolien terrestre et le solaire mais aussi d’autres EnRs, les dispositifs sociaux ou encore la péréquation tarifaire pour les zones hors métropole (dites « Zones Non Interconnectées » ou ZNI). Elle est gérée par l’État comme un impôt qui est prélevé sur notre facture et est directement rattachée au budget de l’État. Mais cette taxe ne peut pas être la cause de l’augmentation des factures. Pourquoi ? Parce que cette dernière est restée stable ces 10 dernières années et a même été réduite quasiment à zéro pendant la crise énergétique ! Peu de gens le savent mais les éoliennes et les panneaux solaires ont rapporté des bénéfices nets à l’État et ont permis le financement d’une partie du bouclier tarifaire permettant à votre facture de ne pas s’envoler encore plus ! Ceux qui pointent donc cette taxe vous mente sans retenu !
Comment ça marche ? Parce que les contrats de soutien public, obligation d’achat pour les plus anciens et compléments de rémunération (CFD) pour les plus récents, assurent un revenu fixe aux producteurs : lorsque le prix de marché dépasse le tarif de référence garanti, le surplus de revenu est reversé à l’Etat par les producteurs, au bénéfice des consommateurs finaux. Et avec les prix très élevés de 2022-2023, ce mécanisme a généré des recettes nettes pour les finances publiques et entrainé une CSPE négative. Les éoliennes et les panneaux solaires ont au final rapporté 5,9 milliards d’euros à l’État entre 2022 et 2023, selon la CRE (source CRE, juillet 2024).
En résumé pour les ménages, l’Accise de l’électricité est restée globalement stable sur les 10 dernières années et a même été réduite à quasi zéro pendant la crise. Les revenus générés par l’éolien et le solaire, versés à l’Etat, ont servi à compenser les prix élevés de l’énergie qui eux impactaient les factures à la hausse : impossible donc que cette dernière soit la cause de l’augmentation de nos factures, bien au contraire.

👉 L’éolien est-il un puit sans fond pour les finances publiques ? Ces 10 dernières années en tenant compte des économies de complément de rémunération et des prix bas sur le marché de gros avant 2021, l’éolien a remboursé la quasi-totalité des aides reçues ces 10 dernières années (près de 6 millards d’euros) Ce remboursement confirme que les énergies renouvelables électriques ne sont pas un poids pour les ménages ou l’Etat, mais bien un investissement public, dont l’Etat et en conséquence nos factures ont largement bénéficié pendant la crise énergétique. C’est un levier économique, assurant même en période de crise un rôle d’amortisseur de la hausse des prix par une contribution positive aux finances publiques tout en produisant près de 15% de notre électricité. Elle représente 80 000 emplois pour l’éolien et le solaire et sont un des moteurs de la reconquête industrielle.
En 2025, l’éolien et le solaire ne pèsent quasiment plus sur la CSPE
La CRE l’indique dans sa délibération 2024 : la part de la CSPE dédiée à l’éolien et au solaire est tombée à environ 3,8 milliards d’euros en 2025, sur un total de charges de service public de plus de 9,5 milliards dont 2,9 Mds€ pour le photovoltaïque (67 % de ce montant correspond à des charges engendrées par les contrats photovoltaïques historiques dits « S06/S10 » 11) 0,3 Md€ pour l’éolien terrestre et 0,6 Md€ pour l’éolien en mer. Cela représente une baisse importante par rapport aux années 2010. La part du soutien à l’éolien et au solaire ne représente en 2025 que 5% d’une facture d’électricité.

La CRE a par ailleurs indiqué dans son rapport sur le coût complet des énergies renouvelables électriques, que le soutien à ces énergies étaient jusqu’à présent très majoritairement assuré par la CSPE et non par le Tarif d’Utilisation des Réseaux publics d’Electricité (TURPE) qui se retrouve aussi dans votre facture d’électricité et qui correspond à l’entretien et l’aménagement du réseau. À noter que le déploiement des EnR sur le réseau est aussi financé directement par les producteurs lors de leur raccordement au réseau et part les contributions des grands consommateurs. (RTE, Schéma Décennal de Raccordement du Réseau).
Les investissements dans les réseaux sont aussi un levier industriel et d’emplois. A titre d’illustration, ENEDIS estime à 94 000 le nombre d’emplois liés à ces activités, dont 40 000 d’emplois directs. Les objectifs de croissance, de 3000 emplois annuels sont au 2/3 liés à l’intégration des énergies renouvelables sur les réseaux.
L’éolien et le solaire PV ont fait baisser les prix sur le marché de gros ces 10 dernières années
Avant la crise du gaz, entre 2015 et 2020 les prix de l’électricité sur les marchés de gros français ont été relativement bas et stables. Cela est dû à la bonne disponibilité du parc nucléaire et précisément parce que la production renouvelable était en forte progression en France (doublement de la puissance installée totale en 6 ans). Les EnR électriques ont contribué à une offre d’électricité à faible coût marginal et donc à diminuer les prix et ce malgré une inflation de près de 7 point sur cette période.
Selon les données de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) et de Réseau de Transport d’Électricité (RTE), les prix de l’électricité sur les marchés de gros en France se sont maintenus autour de 35 à 50 €/MWh jusqu’en 2020 hors exception. Par exemple, en 2015, le prix moyen du marché spot français était de 38,6 €/MWh, en 2020 de 32,2 €/MWh.
« La faiblesse de la demande ainsi qu’une production éolienne et photovoltaïque élevée (…) ont conduit à moins solliciter les moyens thermiques… […] Cette baisse de la demande et la faiblesse des prix des matières premières ont entraîné une très forte baisse des prix de l’électricité sur les marchés spot. » CRE : rapport de surveillance en 2020
👉 Ce phénomène est appelé « merit order effect » : les EnR dont la production est variable ont un coût marginal de production quasi nul : l’augmentation de leur production abaisse le coût marginal du système électrique et donc les prix de marchés de gros associés. Cela se répercute mécaniquement à la baisse sur les tarifs de fourniture, en faveur des consommateurs.
Pourquoi la facture des Français a-telle donc augmenté ces 10 dernières années ?
La hausse de la facture d’électricité des Français en 10 ans a augmenté d’en moyenne 45% (20% sur le TRVE en € courants). Cette forte hausse n’est pas liée aux EnR, mais à 4 facteurs distincts :
• La flambée des prix du gaz sur les marchés mondiaux, exacerbée par la guerre en Ukraine.
• L’indisponibilité du parc nucléaire français en 2022 au moment où le prix du gaz était au plus haut (plus de 50 % des réacteurs à l’arrêt pour maintenance ou corrosion).
• L’inflation présente dans l’ensemble des secteurs de l’économie pour construire, produire, entretenir, consommer
• Les investissements pour l’entretien et la modernisation du réseau qui assure aux Français un système électrique fiable et robuste
Ces éléments sont confirmés dans tous les rapports de la CRE, de RTE, et même dans les documents budgétaires du gouvernement. Au final, le coût de production des EnR n’a pas tant changé malgré l’inflation, ce sont les énergies fossiles qui ont tiré les prix vers le haut.
👉 Les prix de marché journaliers de l’électricité sont montés proches des 500 €/MWh en 2022, alors que les EnR continuaient de produire à bas coût. Ce n’est pas l’éolien ou le solaire qui ont fait flamber les prix, mais bien notre dépendance aux fossiles surtout au gaz dont le cours s’est envolé avec la guerre en Ukraine et dont nous avons dû augmenter les imports pour pallier à l’indisponibilité des centrales nucléaires et au retard pris dans le déploiement des énergies renouvelables notamment l’éolien en mer. En 2023, 2024 les prix sont restés plus élevés qu’avant crise revenant aujourd’hui à un prix en moyenne entre 60 et 100 €/MWh.
Même si les coûts réseaux augmentent pour entretenir, moderniser et accueillir de nouveaux volumes de production décarbonée comme les parcs éoliens en mer et les EPR2, ces énergies doivent permettre à la France d’avoir un prix de l’énergie stable à l’horizon 2030 et au-delà. Dans son avis sur le projet de PPE 3, le Comité de gestion des charges de service public de l’électricité (CGCSPE) arrive au final à des estimations d’un prix de l’électricité qui serait alors de 50€/MWh en 2030. Soit 20% de moins qu’aujourd’hui. À condition de continuer à déployer de nouvelles installations solaires et éoliennes, les premiers EPR2 n’étant pas livrables avant 2038 selon EDF. Ces nouvelles installations, EnR comme nucléaire, doivent permettre une électrification massive des usages nous permettant à terme de remplacer, par de l’électricité décarbonée, les 60% d’énergies fossiles, qui constituent la majorité de notre mix énergétique.
Les énergies décarbonés sont nécessaires pour électrifier et sortir des énergies fossiles. Elles sont essentielles pour notre indépendance énergétique.
Il est fondamental de comprendre que sans l’éolien et le solaire la France devrait importer plus d’électricité produite au gaz ou au charbon, à des prix élevés. Protectrices, lvolatiles. Protectrices, les EnR électriques jouent un rôle d’amortisseur des prix notamment en période de crise, et remplaçant des énergies chères, polluantes et incertaines soumises aux aléas géopolitique. Les ENRs électriques permettent de produire de l’électricité à coût fixe sur le sol français aux plus proche des territoires, apportant stabilité et visibilité pour les consommateurs, industriels et investisseurs.
Malgré l’inflation des matières premières, elles sont restées compétitives. Les derniers appels d’offres pour les technologies éoliennes et le solaire PV au sol sont compris entre 44 et 90 €/MWh contre des prix du gaz ou du charbon qui lors des pics de consommation dépassent les 100 euros €/MWh. L’éolien et le solaire contribuent ainsi à la stabilité des prix et renforcent notre souveraineté énergétique.
Selon l’ADEME, en cumulé sur la période 2000-2019, plus de 84 TWh de gaz et 36 TWh de charbon ont été évités en France grâce aux énergies renouvelables électriques françaises ainsi que 383 TWh de gaz et de charbon dans les pays voisins. En 2028, avec l’atteinte des objectifs moyens de la PPE, la France pourrait ainsi éviter l’utilisation supplémentaires de 69 TWh de combustibles fossiles en France.
N’oublions pas que la France dépense 64 milliards par an (2024) en énergies fossiles et n’a toujours pas réellement mis en œuvre l’électrification des usages qui serait bénéfique pour le pouvoir d’achat de tous les Français. Encore faut-il une politique cohérente de long terme et à la hauteur des enjeux avec un accompagnement sociale et économique par des politiques publiques transformantes, notamment auprès des plus foyers les plus modestes.