Eolien terrestre et solaire : une accélération indispensable pour répondre à la demande d'électricité d'ici 2035
RTE présentait mercredi 7 juin les grandes tendances de ses nouvelles prévisions de production et de consommation d’électricité en France aux horizons 2030 et 2035. Le constat du gestionnaire du réseau de transport d’électricité est simple : l’électrification des usages s’accélère et seuls l’éolien terrestre et le solaire pourront répondre à l’augmentation des besoins en électricité d’ici 2030. L’éolien en mer pourrait arriver en renfort dès le début de la prochaine décennie, à condition que l’État procède à l’attribution des marchés dans les prochains mois.
Des besoins en électricité revus à la hausse
RTE a présenté l’étude « Comprendre et piloter l’électrification d’ici 2035 ». A cet horizon, la consommation d’électricité devrait fortement augmenter en France pour se substituer aux énergies fossiles. Porté par les ambitions françaises de décarbonation et de réindustrialisation, la consommation d’électricité en France pourrait atteindre 580 à 640 TWh par an d’ici 2035, contre 460 TWh en 2022. RTE revoit donc fortement à la hausse ses estimations par rapport aux scénarios « Futurs énergétiques 2050 » présentés en 2021 intégrant les nouveaux objectifs du programme européen « Fit for 55 » (réduction en 2030 de 55% de nos émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990) et les enjeux de souveraineté industrielle et de sécurité énergétique soulevés par la guerre en Ukraine. « Nous sommes dans une phase d’accélération » souligne Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.
La France doit produire « plus de renouvelables, et plus vite dans les prochaines années »
Pour assurer l’équilibre entre offre et demande et répondre à une augmentation de 10 TWh chaque année en moyenne durant la décennie à venir grâce à des énergies décarbonées, la France ne peut s’appuyer que sur les énergies renouvelables : leur production doit passer de 120 TWh en 2022 à 250 TWh, voire 300 TWh, en 2035. Pour doubler la production électrique issue des renouvelables en France d’ici 12 ans, il faut multiplier par 3 au minimum les productions du solaire & de l’éolien.
Un effort porté d’ici 2030 uniquement par l’éolien terrestre et solaire
« D’ici 2030, l’accroissement des renouvelables passera essentiellement par l’éolien terrestre et le solaire », précise RTE. Entre 2030 et 2035, l’éolien en mer peut prendre le relais « sous réserve que la France parvienne à attribuer massivement des parcs entre aujourd’hui et 2035 ».
Cela « apparaît ambitieux […] mais faisable », rassure RTE. « Il faut être sur une accélération par rapport aux trajectoires passées de la France » insiste Thomas Veyrenc, directeur Stratégie et Prospective de RTE. Et sans aller jusqu’aux trajectoires les plus ambitieuses de nos voisins européens comme en Allemagne, la France doit « s’aligner sur les tendances déjà observées dans d’autres pays d’Europe » ces dernières années.
Une urgence à agir pour enfin accélérer le déploiement des renouvelables
Déjà l’hiver dernier, la France a payé cher son retard sur le développement des renouvelables. Pour atteindre nos objectifs de décarbonation et garantir la sécurité d’approvisionnement du pays, il est urgent d’accélérer. Ces enjeux doivent être au coeur du débat sur la future loi de programmation énergie-climat prévu cet automne. Mais l’État doit agir sans attendre, en déployant notamment davantage de moyens pour le traitement administratif des dossiers. Fin mars 2023, plus de 800 projets d’éolien terrestre, pour un total de presque 11 GW, étaient en attente d’autorisation, dont 2,2 GW avec une convention de raccordement déjà signée. Côté solaire, ce sont 18,5 GW en attente dont 4,4 GW avec une convention signée. Ce sont donc 6,6 GW d’éolien terrestre et de solaire qui pourraient rapidement venir décarboner les mix électriques français et européen.
RTE détaillera en septembre prochain ses différents scénarios pour 2035.