La supervision : tour de contrôle des exploitants éolien

Entretien avec Mourad Jebli, ancien technicien de maintenance devenu chargé d’exploitation, il pilote désormais le service Operation Control Center (OCC) chez H2air qu’il a lui même contribué à mettre en oeuvre.
En quoi consiste la supervision ?
Derrière chaque éolienne qui tourne, il y a une équipe de professionnels mobilisés 24h/24 pour en garantir le bon fonctionnement. C’est ce que l’on appelle la supervision, un métier stratégique au cœur du centre de monitoring d’H2air. Disposer de notre propre centre de supervision s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique incontournable. Il nous permet non seulement d’optimiser la performance économique des installations, mais aussi de répondre efficacement aux exigences techniques et réglementaires. Bien plus qu’une simple veille technique, la supervision touche aujourd’hui à des enjeux multiples : l’environnement, la sécurité, la gestion du réseau électrique ou encore les aspects économiques, comme la gestion des arrêts en période de prix négatifs du marché.
En quelques mots, en quoi consiste le rôle de l’équipe ?
En tant que responsable du centre de monitoring, mon rôle est de piloter la supervision en temps réel de l’ensemble de nos parcs éoliens pour garantir le bon fonctionnement et la performance des machines. Mon équipe est composée d’opérateurs de conduite et de supervision et d’un ingénieur en automatisme et informatique industrielle. Pour assurer une surveillance continue, nous travaillons en roulement, avec des astreintes assurées le soir et le week-end. Avec mes collègues, nous assurons le suivi des installations à distance via nos outils numériques. Ces systèmes nous permettent de surveiller en continu la production, les alarmes, la disponibilité des éoliennes et les conditions environnementales. Notre mission ne s’arrête pas à la surveillance : nous coordonnons et suivons l’activité de nos sous-traitants sur le terrain, planifions les interventions, catégorisons les demandes entrantes selon leur niveau d’urgence, et veillons strictement au respect des consignes de sécurité. Chaque événement ou intervention sur une éolienne est consigné pour garantir une traçabilité complète de l’activité. Enfin, une part importante de notre travail concerne le reporting : nous produisons chaque semaine des rapports d’exploitation, et chaque mois un rapport reprenant les principaux KPI destinés à nos clients.
Quelles sont les qualités requises ?
Il faut être polyvalent, être capable de travailler sur des sujets transversaux, tout en gardant une bonne compréhension d’ensemble des enjeux. C’est essentiel de savoir réagir rapidement afin d’optimiser la production et la disponibilité des éoliennes. Dans un centre de supervision, les journées ne se ressemblent pas : il peut ne rien se passer pendant des heures… puis tout s’accélère d’un coup. Dans ces moments-là, le sang-froid est essentiel. Il faut savoir prioriser, analyser les données, coordonner les actions rapidement. Et puis, c’est aussi un métier de contact. Nous travaillons en lien étroit avec les chargés d’exploitation, les équipes terrain mais aussi les gestionnaires du réseau électrique. La communication est la clé pour que tout le monde avance dans le même sens. Il ne faut pas oublier la sécurité, il faut être rigoureux, appliquer les protocoles… notamment dans la coordination des interventions sur site.
Quelles sont les expériences utiles pour occuper ce type de poste ?
Des compétences en maintenance constituent une base solide pour bien appréhender le métier. Il faut comprendre ce qui se passe sur site, à distance, et pouvoir interpréter les signaux envoyés par les machines. Dans l’équipe, on valorise la complémentarité des profils : génie électrique, mécanique, automatique… La diversité des profils techniques dans l’équipe est un atout ! Et comme la supervision évolue rapidement, il faut aimer apprendre. Aujourd’hui, on intègre de nouvelles technologies nécessaires à l’exploitation des parcs : détection automatisée de la faune, capteurs environnementaux, suivi des contraintes réseau… Le métier devient stratégique, car il est au croisement de la performance, de la sécurité et de la transition énergétique.
