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Oui, la transition énergétique est une planification !

Industrie, économie et emploiÉolien en merÉolien terrestre
31 janvier 2022

L’ensemble des scénarios prospectifs commandés par l’État à RTE publiés en octobre 2021 sont sans équivoque : l’énergie éolienne sera indispensable – quel que soit le mix électrique envisagé – pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050*. Cela implique une accélération du rythme de déploiement de l’éolien au cours des 30 prochaines années. Il faudra au minimum multiplier par 2,5 la puissance éolienne installée et l’équivalent de la puissance installée actuellement sur terre en mer. Cette montée en puissance doit permettre à la France de conjuguer décarbonation de l’économie et des usages, maitrise des couts, indépendance énergétique et sécurité d’approvisionnement . Indépendamment de relancer ou non un programme nucléaire, les énergies renouvelables, dont la capacité de développement est agile et rapide, seront donc indispensables pour réduire significativement les 65% d’énergies fossiles que nous consommons encore aujourd’hui.

Dans ce contexte, la transition d’un mix électrique centralisé vers un mix décentralisé avec une forte proportion d’énergies renouvelables implique un changement profond : là où depuis la révolution industrielle, la France importait pétrole et gaz pour ses besoin énergétique, nous allons, pour la première fois depuis 60 ans, relocaliser nos moyens de production d’énergie sur notre territoire. Et cette trajectoire, vecteur indéniable de souveraineté, est aussi un changement majeur à l’échelle sociétale.

Ce changement que nous appelons la transition énergétique est un chemin collectif qui permettra à la France de réellement reprendre en main sa souveraineté et la maitrise de son présent et de son avenir. Comme l’illustre la crise des prix de l’énergie actuelle, la France doit se prémunir des fluctuations directement liées aux énergies fossile, car en premier lieu, ce sont les français et leur pouvoir d’achat qui est fortement impacté. Au-delà du soutien public indispensable aux plus précaires d’entre nous, la France doit se doter d’une stratégie planifiée pour maitriser ces risques sur le temps long et se projeter sereinement vers l’avenir.

La réindustrialisation de la France passe par les énergies renouvelables

Réimporter nos moyens de production énergétiques signifie indiscutablement recréer notre tissu industriel et économique, avec ses emplois, ses savoir-faire et sa capacité exportatrice. Cette trajectoire et la planification qui en découle sont les ingrédients d’un cercle vertueux que notre pays tente de poursuivre depuis la fin des 30 glorieuses. Les énergies renouvelables combinent les enjeux de souveraineté de sécurité et d’indépendance énergétique tout en restaurant un puissant appareil de production, des industries, des emplois et un rayonnement économique. Il est donc urgent de commencer à écrire ces nouvelles pages de notre récit national, celui d’une trajectoire collective où les changements, les évolutions sont guidée par les enjeux de notre temps, par nos besoins, et mis en œuvre par la volonté stratégique de construire demain.

Identifier les zones propices à au développement de l’éolien terrestre et mieux co-construire son déploiement

Pour faciliter la planification, l’instruction et le suivi des demandes d’autorisation de projets de parcs éoliens par les services de l’état décentralisés, l’expérience montre qu’une spécialisation en matière d’éolien d’une partie de l’équipe du service régional concerné est profitable. Cette expertise qui s’accroit au fil du temps simplifie la mise en relation des différents acteurs (élus, associations, armée, …) autour d’un projet. Pour favoriser cette montée en compétence et finalement accompagner le développement de la filière éolienne, France Énergie Éolienne a proposé en 2021 au ministère de la transition énergétique de mieux associer les différents acteurs des territoires afin d’identifier les zones propices au développement de l’éolien tout en levant certains freins qui aujourd’hui retarde son déploiement.

Dans cet optique, différentes mesures ont été annoncée par Barbara Barbara Pompili en octobre 2021 dont trois mesures phares :

– Réaliser une cartographie des zones propices au développement de l’éolien

La réalisation d’une cartographie des zones favorables au développement de l’éolien a été confiée aux préfets de région. Son élaboration s’est appuyée sur des données objectives et existantes : distance aux habitations, contraintes radar (lorsque leur localisation et leurs caractéristiques sont publiques), biodiversité, aspects paysagers, ou encore gisement de vent. Les cartes seront publiées sur les sites des administrations concernées.
Cette cartographie est actuellement en finalisation et a été co-construite avec les Régions, les communes et les intercommunalités. Les associations environnementales, les associations de défense du patrimoine et les représentants de la filière éolienne ont été consultés.

– Créer des comités régionaux de l’énergie

Co-présidés par l’État et les régions et associant les collectivités locales et différentes parties prenantes il s’agit de créer des Instances de concertation et de dialogue pour l’élaboration, le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des objectifs de développement des énergies renouvelables et de récupération à l’échelle régionale. Ces comités régionaux seront chargés de proposer des objectifs de développement des énergies renouvelables au niveau régional, par filière (photovoltaïque, biogaz, hydraulique, éolien), en fonction des spécificités, des atouts et contraintes de chaque territoire et en adéquation avec les objectifs nationaux de la France et ses engagements européens.

– Favoriser et planifier le développement de l’éolien citoyen

Le gouvernement a signé une feuille de route en novembre dernier à l’attention des projets à gouvernance locale (dont les actionnaires sont des citoyens et/ou des collectivités).

L’objectif est de lever les obstacles règlementaires et financiers pour les citoyens et les collectivités souhaitant s’investir dans des projets éoliens locaux.
Cette feuille de route fixe comme principal objectif de multiplier par cinq le nombre de projets citoyens d’énergies renouvelables d’ici à 2028. Cela signifie soutenir le développement de 1000 projets supplémentaires, pour une puissance totale estimée à 2,5 gigawatts (GW) et une production de 5 térawattheures par an (TWh/an).

Lancer une planification et un cadre ambitieux pour rattraper notre retard sur l’éolien en mer en France

Seule une planification précise et anticipée, pilotée par l’État en associant l’ensemble des acteurs du monde maritime, peut nous permettre de rattraper notre retard dans l’éolien offshore et d’assurer une transition énergétique sereine avec une sécurité d’approvisionnement optimale. Cette planification devra reposer sur un cadre législatif et réglementaire stable, durable et permettant d’engager des objectifs forts et les investissements associés afin d’assurer une meilleure compétitivité.

– Lancer la planification dès 2022

La France est aujourd’hui en retard sur ces objectifs. Concernant l’éolien en mer il La France disposant de 4 façades maritimes avec 3 régimes de vents distincts, le déploiement de l’éolien en mer est essentiel afin de sécuriser l’approvisionnement de la France en électricité bas-carbone. L’installation de 50 GW d’ici 2050 au large des côtes métropolitaines doit ainsi être finement anticipé et ne représentera alors qu’une occupation de 2,8 % de l’espace, occupé à usage non exclusif.

– Adopter un objectif intermédiaire de 18GW en 2035

Dans ce cadre il est essentiel de fixer un objectif intermédiaire de 18 GW d’ici 2035. Pour rattraper la trajectoire de développement de l’éolien en mer projetée par au moins 5 des 6 scénarios de RTE, les objectifs de la seconde période de la PPE (2024-2028) et de la loi Energie-Climat devront être rehaussés pour passer à 2 GW attribués chaque année jusqu’en 2028 puis à 2,5 GW par an jusqu’en 2050.

– Changer l’échelle des projets et de la concertation

Il convient de décloisonner les projets de parcs en mer pour que chaque expérience bénéficie aux suivantes, au profit d’un déploiement vertueux, accéléré et cohérent. En ce sens, la filière propose de renforcer l’information et la concertation des parties prenantes à travers l’organisation des débats publics sur un « programme » éolien en mer à horizon 10 ans pour chacune des 4 façades maritimes.

– Anticiper et entreprendre la transformation des infrastructures

Tout l’écosystème autour des parcs éoliens en mer doit être pensé en amont, avec RTE notamment, pour optimiser les coûts et les usages, à commencer par le développement du réseau électrique associé et des ports. Il faut enfin capitaliser sur les investissements déjà engagés dans la transformation des ports français pour en faire des centres névralgiques économiques ce qui implique de les associer systématiquement aux réflexions liées au développement des infrastructures énergétiques marines.

– Adapter le cadre économique et réglementaire

Tout projet au long cours nécessite de reposer sur un cadre législatif et réglementaire stable, durable et permettant d’engager des objectifs forts et les investissements associés, et d’assurer une meilleure compétitivité.